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Max Ernst, L’Imbécile, 1961, bronze avec patine noire, Galerie Jacques de la Béraudière, Genève. Autel en forme de divinité tête d’oiseau, 4000 av. JC, Syrie, basalte sculpté, MONA. (section MUTATION)
Décloisonner en abolissant les frontières entre les catégories de collections.

« L’Occident a inventé l’histoire de l’art comme une ligne droite qui irait du symbolisme primitif à l’idéal naturaliste des classiques. Ainsi fut inventée l’idée de la Renaissance, comme si certaines civilisations, plongées dans la barbarie du Moyen Âge sortaient de la nuit pour retrouver la vérité antique. C’était justifier la hiérarchie des cultures, idée malsaine et dangereuse qui justifia la colonisation et affirma la suprématie d’une culture sur toutes les autres. Nous savons aujourd’hui ce qu’il en coûte de céder à cette illusion. L’apparente logique des expressions (dans l’art mais aussi dans la pensée rituelle ou la religion) est démentie à chaque instant et ce doit être là le rôle des musées ».
Depuis le dernier quart du XXe siècle, les musées ethnographiques sont l’objet de vifs débats qui interrogent à la fois leurs raisons d’être à l’ère postcoloniale et le rôle qu’ils sont appelés à jouer dans les sociétés occidentales à l’heure de la mondialisation et de l’interculturalité. Qu’en est-il des musées d’art ? Sont-ils aujourd’hui les bastions d’une hiérarchie des cultures qui affirmerait la suprématie des cultures du Bassin Méditerranéen sur les autres ?
Grand invité du Louvre, Le Clézio propose une autre conception du musée d’art, un musée-monde où se joue la « matérialisation de la mémoire » : « A l’intérieur de l’enceinte, plus de temps, plus d’ordre. Plus de savoir. Simplement des œuvres, que la volonté d’un seul, l’énergie d’une ville, d’un peuple a portées, formées, a chargées de poussière de gloire.
Des œuvres qui résistent de toute la force de leur pensée ». Cette conception militante du musée comme « le no man’s land ou bien la terre de tous, où se rencontrent les cultures » questionne à la fois les contours des collections (quelles sont aujourd’hui les œuvres « dignes » d’un musée d’art ?) mais aussi la façon dont ces œuvres sont présentées au public et dialoguent entre elles. Il ne s’agit pas ici de revenir, dans une perspective anthropologique, sur la qualification artistiques des artefacts non occidentaux, ni même de reprendre le thème cher à André Malraux de la « métamorphose » de l'œuvre dans le contexte muséal.
QUELLES NORMES DANS UN MONDE GLOBALISÉ?
J.-M.G. Le Clézio, Les musées sont des mondes (2010)
“It’s easier to deal with the universe if we catalog it.”
Dina Kelberman
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